En 2011, paraissait un recueil de nouvelles » Avec un Tango à Fleur de Lèvres » publié à compte d’auteur et épuisé. Je l’ai rédigé à partir de petites notes glanées dans mon livre de voyage où je tiens un calendrier au jour le jour des activités, mais aussi un résumé des cours de tango suivis, ou des moments forts vécus dans la capitale. C’est que Buenos Aires et L’Argentine nous ont réservé bien des surprises et ménagé des rencontres exceptionnelles, particulièrement riches sur le plan humain et culturel. Je pense tout naturellement à nos entrevues avec Horacio Ferrer, le poète, auteur de letras ( textes des tangos) éminemment évocatrices. Je revis un récital à la Casa Gardel en hommage à Carlitos, où trois chanteurs croisaient leurs voix dans une joute musicale qui visait l’excellence. Mais des faits plus minuscules ne peuvent- ils pas amener autant d’émotions que d’interrogations? Je pense à ce jeune ménage qui, pour assurer la venue d’un bébé, s’est résigné à vendre le bandonéon hérité de sa famille et c’est celui que j’ai acheté. Je revois les vieilles dames, solitaires et diminuées par l’âge, mais qui ne renoncent pas, pour autant, à se rendre dans les Milongas, parce que c’est un rendez vous social, et que la danse a été toute une partie de leur vie. Imaginer des nouvelles à partir de ces anecdotes a certes été un travail créatif. Mais, malgré les réactions favorables de mes lecteurs (« On y est », dit l’un d’eux ), j’avais conscience que mes écrits restaient superficiel. Et qu’ils donnaient une image un peu idyllique, voire fantasmée, de la vie argentine, vue à travers le prisme du tango. C’est ce que je détaille dans ma préface de « La Dernière Cuite » paru fin juin 2014 chez l’Harmattan à Paris
Ecrire un roman s’imposait alors comme un défi et un hommage à Buenos Aires. J’ai voulu une intrigue et des héros fussent-ils modestes, inscrivant leur vie quotidienne sur le fond humain, social et économique que je perçois dans la capitale. Car, dans toute l’Argentine, les danseurs de tango ne représentent finalement qu’une mince frange de la population ( 2%?). Et que cache le rideau rouge de la danse, particulièrement pour les jeunes couples ? Dans ce pays qui, après avoir dépassé les crises politiques, tombe maintenant dans les crises économiques ? C’est ce que j’ai tenté d’imaginer avec Abigaïe et Manuel d’une part, avec Antonio et Gabriela par ailleurs. Mais on croise aussi dans le roman plusieurs de ces personnages pittoresques qui font le charme de la ville… Et il est encore beaucoup question de tango. Le titre, emprunté à une composition de Troilo – anniversaire oblige – sur une letra de Castillo, en témoigne. Découvrez aussi comment ce morceau célèbre s’insère dans l’intrigue, en lisant « La Dernière Cuite » que vous pouvez commander chez votre libraire, sur les sites Internet ou chez l’éditeur ( http://www.editions-harmattan.fr ).