« Le danger des livres, mon cher Marcus, c’est que parfois, vous pouvez en perdre le contrôle. Publier, cela signifie que ce que vous avez écrit solitairement vous échappe soudain des mains et s’en va disparaître dans l’espace public » Joël DICKER « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert » ( De Fallois Poche, avril 2014), Prix Goncourt des Lycéens et Grand Prix de l’Académie Française en 2012.
Je mets à l’honneur ce roman que je viens de lire, parce qu’il pose, au travers d’une intrigue « policière » compliquée mais très prenante, le problème des rapports de l’écrivain à la réalité et à la façon dont il la relate, dans l’oeuvre en gestation. La réflexion est d’autant plus intense que le roman met en avant deux écrivains, en panne d’inspiration à divers moments puis brusquement relancés par des événements singuliers. Dans ce gros ouvrage de plus de 860 pages, le lecteur est captivé d’un bout à l’autre, mais se perd délicieusement dans les aller-retour entre fiction, réalité, retours en arrière, réflexions sur la littérature et son rapport à la vie, à l’amour et à la mort. C’est un ouvrage qui marque. et que je recommande.
« Harry, comment transmettre des émotions que l’on n’a pas vécues? — C’est justement votre travail d’écrivain. Ecrire, cela signifie que vous êtes capable de ressentir plus fort que les autres et de transmettre ensuite. Ecrire, c’est permettre à vos lecteurs de voir ce que parfois ils ne peuvent voir.»
Au risque de paraître prétentieux, dans mes nouvelles «Avec un Tango à Fleur de Lèvres», comme dans mon roman « La Ultima Curda »», j’ai tenté de réaliser cet objectif, en transmettant les émotions fortes des moments et rencontres vécues à Buenos Aires. Et c’est le sens de l’hommage à Paul AUSTER, placé au début du livre. Il écrit: « Le travail de l’écrivain consiste à penser petit, à être attentif à ce qu’il y a là, juste à côté, à ce que font les gens, et à le communiquer.»
Oct
11
2014