Se rendre dans le Nordoeste de l’Argentine et explorer les provinces de Salta, Catamarca et Tucuman, c’est approcher une toute autre facette de la culture argentine, largement imprégnée des traditions indigènes andines: c’est le fond originel, sans nul doute plus authentique que celui du tango, plus sophistiqué et métissé. En créant dans mes nouvelles et dans mon roman le personnage d’Abigaïe, née dans cette région, j’étais déjà parti à la recherche de ces racines argentines, après un premier séjour trop rapide à Salta en 2008.
Mais découvrir plus en détail et donc plus lentement ces provinces, c’est d’abord être dépaysé par les superbes paysages des Vallées Calchaquies dont l’aspect, à la fois sauvage et attrayant résulte du travail érosif de l’eau, du vent et de la sécheresse. Formes et couleurs étonnantes sollicitent l’appareil photo et mériteraient randonnées et contemplation.
Au hasard des haltes dans les villages, on découvre la sérénité désuète des monuments coloniaux mais surtout la présence bien visible des populations indigènes, héritières des Incas, Diaguitas et Calchaquis.
Les visages se font plus cuivrés et les coiffures sont d’un noir corbeau. Une population énigmatique, souriante et silencieuse: nous sommes très loin de l’agitation forcenée de Buenos Aires!
C’est le soir, dans les peñas, qu’on approche la culture locale, en cherchant les lieux authentiques où l’expression populaire est spontanée. Sans éviter les restaurants touristiques, comme « La Vieja Estacion » où le spectacle est de qualité, nous l’avons surtout appréciée dans un concert de fin d’année au » Teatro Huerto » et à » La Casona del Molino » où, dans les multiples salles où dînent les gens, un chanteur ou un musicien ou un groupe s’exprime avec naturel, au hasard de la soirée, porté par l’ambiance…et la bière ou le malbec! Un régal!