Dans 3 des articles précédents de ce blog, j’ai fait allusion à la Pachamama ( 22/09, 23/11/2014 et 07/02/2015 ), une déité fascinante, déesse de la Terre-Mère. Omniprésente et incontournable dans le Noroeste argentin et dans la plupart des pays de la Cordillère des Andes, Pérou notamment, elle est célébrée par tous les descendants des tribus indiennes, des Quechuas aux Mapuches en passant par les Diaguitas. C’est aussi pourquoi elle figure dans plusieurs pages de mes écrits, car j’ai été fasciné par le synchrétisme religieux qui tourne autour de son culte, en concurrence, ou en rapprochement avec celui de la Vierge, introduit par les colonisateurs catholiques.
Tous les voyageurs en Argentine ont remarqué les petits autels votifs ( apachetas ) qui jalonnent les routes et en particulier celles d’altitude. Ils sont repérables aux drapeaux rouges qui les ornent et aux offrandes – boissons notamment- qui les garnissent et sont censées protéger les voyageurs de la soif et des périls divers. La plupart de ces installations sont consacrées à La Pachamama. Les autres honorent deux autres personnages: la Difunta Correa dont le bébé survécut à sa mère en tétant le lait de la défunte, et le Gauchito Gil, sorte de Robin des Bois bienfaiteur. Dans l’artisanat local, à Bariloche comme à Jujuy, la Pachamama est présente également dans la décoration des tissages et poteries. Mais c’est dans les fêtes traditionnelles, entre autres au Carnaval, qu’on l’honore par la musique et par des rites hérités des cultures ancestrales.
Dans les Vallées Calchaquies évoquées dans un article posté en décembre, il faut prendre le temps de visiter le Musée de La Pachamama à Amaicha del Valle. C’est tout près des ruines de Quilmes, haut lieu de la résistance indienne d’abord aux invasions incas, ensuite à celles des Espagnols qui mirent près de 130 ans avant de pacifier la région… et de déporter les derniers résistants dans la région de Buenos Aires ( d’où le nom donné à un faubourg de la Capitale). L’artiste peintre et sculpteur Héctor Cruz a favorisé l’installation d’un musée archéologique et ethnographique qui illustre la culture diaguita avec pertinence. L’artiste a aussi construit le lieu à sa gloire et toute une salle est consacrée à ses oeuvres: peintures sculptures, tapisseries… Mais le plus insolite et spectaculaire réside dans l’environnement des bâtiments: tout l’espace entre les bâtiments est décoré par les sculptures intégrant des pierres locales et reprenant des motifs traditionnels autour de la Pachamama. On trouvera ci dessous quelques photos de ce lieu qui souligne l’importance de la culture indienne dans l’identité argentine.
La prépondérance de la Pachamama, symbole de fertilité et de protection, n’a-t-elle pas à voir aussi avec la place prioritaire accordée par tous les Argentins à La Madre, dans la vie, et bien sûr dans de nombreux tangos ? Je pense en particulier à la magnifique valse écrite par Gardel et José Rozzano et interprétée avec une grande sensibilité par Edmundo Rivero ( disque « Milongas » La Laida Editora S.R.L. 2005 )