Depuis que je cherche à valoriser la culture argentine – dont le tango n’est qu’un aspect – ne serait ce que pour revivifier la danse elle-même, j’ai toujours souligné l’importance de l’écrit, dont la diversité égale celle de la musique et de la danse ou du folklore. Peut on ignorer la place de ce dernier, et passer à côté des textes de Atahualpa Yupanqui ou Mercedes Sosa ? Il y a ensuite et surtout la littérature nationale argentine. Il paraît difficile d’approcher ce pays sans lire Jorge Luis Borges ou Julio Cortázar, étroitement liés à des barrios ou à des cafés qu’ils fréquentaient. C’est évidemment là un projet ambitieux et contraignant qui peut sembler superflu pour le danseur…
Borges et Cortázar
Plus modestement et plus occidentalement, on peut aussi s’intéresser aux écrits du monde entier que le tango a suscités, pas seulement aux ouvrages “techniques” rédigés par des maestros ou des spécialistes, pour détailler leur approche de la danse. Je renvoie par exemple au livre de Michel Bolassel « Dernier tango à Buenos Aires » ( les Presses littéraires – 2010 ), à l’indémodable « Tango du Noir au Blanc » de Michel Plisson ( Actes Sud – 2004 ) ou à « Les Audaces du Tango » de Christophe Apprill ( Transboréal 2012 ). Mais je pense aussi aux essais, nouvelles, romans, ouvrages divers écrits avec sincérité par des amateurs, souvent danseurs, qui ont fait du tango et la plupart du temps de la culture argentine, un axe de vie stimulant parmi d’autres. Je prétends appartenir à ceux là.
J’ai lu récemment deux ouvrages de Marc Anstett, metteur en scène, comédien, musicien : « Et si c’était nous. Petit éloge d’un tango des sens » et « Tango Pourpre ». Auteur de romans et de textes dramaturgiques, il a aussi composé de nombreuses pièces musicales, notamment pour le théâtre et la danse contemporaine. Il prête régulièrement sa voix pour le doublage de documentaires (Arté, France 3, France 5) et joue ponctuellement au cinéma et à la télévision. Il pratique plusieurs instruments et danse le tango argentin avec une réelle passion. Il organise régulièrement des milongas en salle et en plein air dans sa ville, musicalise des soirées tango comme DJ dans sa région et en Allemagne, et anime des ateliers de théâtre, musique, des practicas dirigées. Il a réalisé une soixantaine de mises en scène. Il considère que le tango est une activité qui vivifie et complète les autres et ses récents écrits en témoignent. Pour plus d’informations, cliquez sur le lien ci après :
Dans un domaine plus ambitieux, il a fallu la collaboration de trois amoureux de notre danse favorite pour écrire » Le Dictionnaire passionné du tango ». qui devrait paraître au Seuil le 5 novembre prochain. Beaucoup de danseurs les connaissent pour leur éclectisme et leur fréquentation des pistes de danse.
- Journaliste de presse écrite et télévision, documentariste, chroniqueur à la radio, Jean-Louis Mingalon est un spécialiste des musiques du monde.
- Philosophe de formation et docteur en science politique, Gwen-Haël Denigot est journaliste en sciences humaines et sociales et vit entre Paris et Buenos Aires.
- Ethnologue de formation, spécialiste des musiques populaires, Emmanuelle Honorin est journaliste et productrice de musiques du monde, auteur de Astor Piazzolla, Le Tango de la démesure (Demi Lune, 2011).
« Le tango réside entre un pas et un autre, là où s’entendent les silences et où chantent les muses », disait le danseur Gavito, comme si c’était dans cette pause, cet interstice, que s’exprimaient les émotions qui donnent naissance au pas suivant. Dans cet entre-deux, naît et vit le tango que nous aimons.
Ni guide, ni encyclopédie exhaustive, ce dictionnaire se veut une déambulation subjective dans un univers en perpétuelle mutation. Car si le tango est bien un monde en soi, une musique, une danse, une poésie, il définit aussi une certaine conception de l’existence. Une promenade en liberté qui, si elle parcourt les sentes balisées de l’histoire et des références communes de Buenos Aires à Paris et au-delà, emprunte aussi des chemins de traverse au gré de nos investigations et de notre fantaisie.
Plus de cinq cents entrées font ainsi la part belle aux biographies de personnages (musiciens, chanteurs, danseurs, poètes…), mais aussi aux lieux, aux paroles, aux techniques et aux concepts, et permettent de reconstituer le voyage de cette alchimie métisse née dans le Río de la Plata au tournant du XXe siècle et vécue aujourd’hui autour du monde par des milliers de passionnés.
Une sortie en librairie à guetter. J’en profite pour renvoyer aux articles précédents que j’ai écrits sur la littérature inspirée par le tango : 22.08.2014 -23.09.2014 – 11.10.2014 – 17.06.2014- 23.06.2015 – 17.06.2015 – 26.07.2015.