A Tarbes, pour le vingtième anniversaire, les danseurs ont pu participer à une milonga autour du rond-point du tango, quai de l’Adour. Mais connaissaient-ils tous l’histoire de ce monument? Il est dommage que la remarquable conférence donnée par Rubén Reale, journaliste et producteur spécialiste du tango et initiateur de la radio « Tango pour tous », conférence annoncée trop tardivement, n’ait pu réunir suffisamment d’auditeurs. Car elle apportait un éclairage historique et culturel sur l’érection de ce monument, non seulement à Buenos Aires mais dans le Monde entier où il est progressivement installé dans des lieux reconnus pour leur prosélytisme en faveur de la danse argentine. Et elle bénéficiait en outre de la présence de l’industriel qui a fabriqué le monument, et qui, de surcroît se trouve être chanteur, ce qui n’est pas étonnant pour un Argentin.
Le premier monument a été inauguré voilà déjà 10 ans, en 2007, à Buenos Aires. Il a été déclaré immédiatement d’intérêt touristique par le Secrétariat au tourisme de la Nation, devenu depuis Ministère, et par l’organisme de promotion touristique de la Capitale. C’était de bon augure, deux ans avant que le tango soit déclaré en 2009 » Patrimoine mondial culturel de l’Humanité » par l’UNESCO. Mais c’était surtout l’aboutissement d’un long travail sous l’impulsion de Rubén Reale qui avait eu l’idée de ce monument et a ensuite piloté le projet en plusieurs étapes : constituer une association Comité Pro-monument au Tango ; organiser une levée de fonds, notamment avec un cycle de concerts donnés bénévolement par des maestros du chant, de la musique, de la danse et de la technique, mais aussi avec un mécénat d’entreprises et d’institutions diverses ; enfin lancer un appel à projets auprès d’artistes pour un concours d’art urbain. 71 dossiers ont été présentés. Un jury de 9 membres, notables et artistes a enfin retenu la sculptrice Estala Trebino pour sa proposition : une oeuvre abstraite représentant l’Esprit du Tango.
Sa forme est inspirée par le bandonéon, âme du tango. C’est le soufflet de l’instrument, le fuye pour les musiciens, partie emblématique qui donne le son et qui symbolise le rythme, l’harmonie, le mouvement, en s’enroulant sur lui même vers le ciel. Cette élévation ascendante est aussi, quelque part, celle des danseurs emportés dans les tours. Un ingénieur, Alejandro Coria, avait déjà travaillé avec l’artiste pour concevoir matériellement la mise en volume, en utilisant 2 tonnes d’acier inoxydable sur un piédestal auxquelles s’ajoutent deux tonnes de fer d’ancrage. Le monument de Buenos Aires, situé au coeur du barrio rénové de Puerto Madero, au carrefour du boulevard Azucena Villaflor et de l’Avenida de los Italianos, se détache sur une petite place verdoyante et il atteint 5 mètres de hauteur et un volume de 9m3. Il a été inauguré le 22 novembre 2007, jour de la Fête de la musique en Argentine et on fêtera cette année son 10ème anniversaire. Dans le même quartier se trouve le Pont de la Femme et la frégate Sarmiento rénovée, qui aurait avec la partition du tango « La Morocha » – musique de Saborido et letra de Villoldo – disséminé le tango au long de ses périples en Europe et au Japon. C’est dans cette partie du port que débarquaient les immigrants et le choix de cet endroit est symbolique.
Le monument de Buenos Aires, devant lequel je pose par amour de l’instrument phare du tango. La photo d’en-tête montre un des bassins de Puerto Madero avec le Puente et la Frégate.
En 2012, l’Institut National de Promotion Touristique d’Argentine et Le Ministère du Tourisme ont offert le même monument à la Ville de Tarbes, à l’occasion du Festival, en reconnaissance de la participation continue à la promotion du tango et de la culture argentine. Ce monument a été inauguré en grande pompe par le Ministre du Tourisme C.E. Meyer, le Maire de Tarbes G.Témégé, Rubén Réale, l’initiateur, et Manée Bruyère, alors présidente de l’AssociationTangueando Ibos, entre autres. Pour la petite histoire, ce monument, d’abord situé dans le parc Paul Chastellain a été déplacé en 2016 à un rond-point, ce qui n’a pas fait l’unanimité…
Le même monument à Tarbes dans son site initial et un tableau d’Alain Laborde Laborde « Hommage au monument au tango ». Cet artiste, qui a longtemps illustré les affiches du festival avec ses danseurs, eux aussi en élévation tourbillonnante, avait une exposition intéressante ( tableaux et sculptures ), cette année à l’Office du tourisme.
Depuis, d’autres monuments ont été installés dans des pays et des villes ayant contribué à l’essor et la réputation du tango argentin, notamment à San Paulo, au Brésil, et à Medellin, en Colombie, où Gardel a été mortellement accidenté.