PETITS INCONVENIENTS ET GRANDES SURPRISES DE BUENOS AIRES.

 

A lire les articles de ce blog, on pourrait croire que tout est rose dans la capitale argentine et dans le monde du tango… J’ai déjà insisté, dans mes romans, sur le fait que ceux qui vivent ici en permanence, doivent s’accommoder de difficultés multiples, de problèmes économiques et sociaux, avec des salaires qui n’ont rien à voir avec les nôtres. Même les touristes les plus béats doivent  remarquer cela, s’ils sortent un peu dans les rues et s’intéressent à la vie quotidienne dans ses moindres détails. Ne serait-ce qu’en marchant sur des trottoirs souvent défoncés où traînent des ordures diverses. Malgré les efforts visibles de la municipalité pour améliorer la collecte et le tri des déchets, toujours aidés par les cartoneros besogneux mais bien organisés, la population reste manifestement indisciplinée et certains quartiers sont particulièrement négligés, à commencer par les plus populaires. Sans parler des déjections canines. Mais pourquoi les porteños manifestent-ils un tel amour des chiens, au point d’en traîner plusieurs en laisse ou de payer des promeneurs pour ces animaux ? Est ce que la solitude des individus dans cette ville tentaculaire engendre un besoin d’affectivité animale ?

                                        

Autre difficulté : les transports, bruit et fureur ! ! ! Celui qui n’a jamais fait l’expérience des “colectivos” aux heures de pointe, doit essayer de toute urgence, en se cramponnant, car les bus se frôlent à grande vitesse, se doublent, freinent brutalement aux arrêts et repartent dans un bruit d’enfer et sans se préoccuper des particules fines. En contrepartie, ils roulent toute la journée et une bonne partie de la nuit et, en calculant bien, on en trouve toujours un, à portée de Milonga. Quant au métro, il a progressé en confort et a prolongé plusieurs lignes, ce qui ne l’empêche pas d’être bondé aux heures cruciales : attention aux pickpockets et aux odeurs de transpiration ! Mais les jeunes ont la gentillesse de se lever, le plus souvent, pour céder la place aux abuelos … et replonger le nez dans leur téléphone portable ! Le moyen le plus commode et le plus sûr reste le taxi, rapide, efficace avec ses chauffeurs d’une inimitable dextérité et souvent d’une belle humeur. Le prix reste très abordable, au moins pour les touristes malgré l’augmentation notoire depuis plusieurs années. Dans ce “cambalache” de la circulation, la prudence est de rigueur pour les piétons car les véhicules roulent très vite, y compris les bicyclettes, phénomène nouveau depuis quelques années, avec des voies réservées qu’il faut bien surveiller. La circulation reste donc la grande cause du bruit et de la pollution, permanents, et il vaut mieux bénéficier d’un appartement correctement isolé. Les piétons ont bien quelques zones réservées, comme la célèbre Florida, mais comme c’est une avenue commerciale, il y a beaucoup de monde et c’est vite fatiguant de s’y livrer au lèche-vitrines. A noter que les changeurs clandestins sont beaucoup moins nombreux, parce qu’ils n’offrent plus qu’un avantage minime par rapport aux banques. Mais c’est tellement plus simple que de faire  la queue aux offices de change des banques, avec de multiples contrôles si soupçonneux ! Quel drôle de rapport ont les banques avec l’argent où l’on recompte les billets plusieurs fois, avec des vérifications en transparence, copies multiples des passeports, signatures,  coups de tampons énergiques, opérations qui font passer souvent par plusieurs guichets.

Le commerce en tout genre est très actif à Buenos Aires, et quel que soit le quartier où vous résidez – nous les avons presque tous essayés – il y a toujours une boulangerie , un kiosco, un minimarché à quelques cuadras, ouverts tard le soir, et un fabricant de pastas caseras à la esquina. C’est un avantage qu’on trouve de plus en plus difficilement chez nous, où les commerces de proximité disparaissent peu à peu. En cherchant, on déniche des boucheries de campo, où la viande provient d’estancias certifiées. Mais pour trouver une poissonnerie il faut être doué et c’est assez étonnant de constater que les Portenos consomment peu de poissons, bien qu’il y en ait au menu des restaurants. Quant aux commerces de vêtements, c’est fou le nombre de vitrines qui voisinent  dans certains quartiers et tout particulièrement, dans ceux qui se consacrent à la fabrication et à la vente en gros. Les hommes, soucieux ici de leur élégance, ne sont pas délaissés. Là on peut faire des trouvailles à des prix minimes, par exemple dans la rue Paso, ou dans Lavalle et bien sûr à Corrientes. En cette période de “Navidad”, il faut voir la foule qui se presse, particulièrement le samedi et c’est assez insolite de voir des acheteuses en short, alors que les magasins s’ornent de sapins de Noël artificiels.

      

 

Nous avons toujours apprécié ces commodités de la vie pratique, avec un contact facile, voire chaleureux avec les commerçants. Sans parler des librairies, antiquaires, disquaires et autres offres d’agrément. Et sans évoquer tous les bars, cafés, restaurants et autres heladerias … qui méritent un article complet que j’ai déjà rédigé précédemment.
Mais ce qui fait le charme des ballades dans la ville, c’est que les hasards de l’itinéraire réservent toujours une surprise, qu’elle soit architecturale ou humaine. En levant un peu la tête, on découvre des demeures  anciennes, malheureusement souvent dégradées. Parmi elles, quelques perles d’art nouveau… côtoyant des immeubles laids et décrépis. Et partout, de la verdure qui ne fait pas oublier pour autant la pollution.

          

Autre rencontre, sociale cette fois : celle d’une fête improvisée au beau milieu de Florida, à l’occasion d’un hommage aux Provincias : des  gens en tenue traditionnelle dansent chacarereras et zambas, tandis qu’une chanteuse déploie ses talents sur un podium minuscule. Un moment de liesse partagée et une belle surprise. Juste avant d’entrer dans une milonga pour un autre partage, c’est cadeau !

      

Et puis au hasard d’une “esquina”, toujours vers Florida, cet inénarrable cireur de chaussures qui a détourné à son profit une publicité touristique pour devenir une des figures de la ville !

                             

 

Et pour terminer sur un clin d’œil, il n’y a pas jusqu’aux toilettes qui ne réservent des surprises. Raffinées, comme au bar « Le petit Colon » ou défilent sur la glace des lavabos des extraits du programme du Teatro tout proche… Plus humoristiques, dans les toilettes des hommes d’une Tanguedia que je vous laisse le soin de chercher !

                     

 

par chabannonmaurice

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