EN BONNE COMPAGNIE, AVEC CARLOS GARDEL.

 

        Personnage mythique, et pas seulement en Argentine, Gardel continue d’inspirer les écrivains et parfois sur des épisodes moins connus de sa vie.

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            J’avais repéré dans des recommandations de lecture, un roman publié récemment en français et au titre intriguant  » La Maîtresse de Carlos Gardel « . ( Zulma – janvier 2019 ). Mayra Santos-Febres, son auteure portoricaine, pour cette seconde publication, s’intéresse à Carlitos lors de son passage dans l’île où elle est née, et si tout le monde sait que la vedette a fait une grande tournée en Amérique du Sud et trouvé la mort à Medellin en Colombie, j’ignorais pour ma part cette tournée dans le pays de l’auteure. 

Mayra Santos-Febres brode autour de ce voyage et prétend que suite à des ennuis de santé et des défaillances vocales, le chanteur a fait appel à Mano Santa, la grand mère de l’héroine, Micaela, sorte de guérisseuse un peu sorcière et grande utilisatrice de mystérieuses plantes locales. Micaela ayant assisté sa grand mère, le Zorzal en aurait profité pour mettre la jeune femme dans son lit. Vraisemblable mais improbable si l’on note que lors de la tournée dans les différents pays d’Amérique du Sud, le chanteur était assailli par des admiratrices en tout genre parmi lesquelles les plus belles femmes de la haute société.

 

Quoi qu’il en soit, c’est prétexte à  » un roman foisonnant, sensuel, inoubliable, qui entremêle la destinée d’une jeune femme en devenir à celle du roi du tango argentin » ( présentation de Zulma ). Pour ma part, j’ai surtout aimé l’énergie de l’héroïne pour se sortir d’une condition précaire et de l’emprise du chanteur, lequel lui a communiqué à travers ses tangos et sa tournée artistique « le goût de saisir la vie à bras le corps ».  J’ai aussi aimé le livre par son côté à la fois insolite et exubérant, mais en gardant toujours le recul dû au respect de l’idole sur laquelle tout a été écrit, notamment par rapport à sa vie sentimentale et sexuelle. J’ignorais cette tournée à Porto-Rico et j’ai fait appel à notre ami André Vagnon, grand connaisseur des ressources argentines, qui en quelques heures, en fouillant des documents divers et notamment ceux de la « Fundacion Carlos Gardel »  ( fundacioncarlosgardel.com ) m’a trouvé des précisions sur ce périple. Si vous voulez mieux connaître le chanteur, n’hésitez pas à consulter ce site.

Il semblerait que l’auteure ait suivi assez fidèlement une tournée mouvementée, dans un contexte qui déclencha un véritable engouement populaire à tel point que, prévu pour dix jours, le séjour dura 23 jours !  Gardel se produisit dans 22 représentations, parfois deux par jour, dans les principales villes et selon son parolier Le Pera, chaque soirée était « une fête nationale ». Il semblerait aussi que le surmenage qui s’ensuivit pour le chanteur ait obligé celui-ci à suspendre une représentation pour dysphonie. Les journaux locaux donnent alors des compte-rendus dithyrambiques et des photos pittoresques, notamment de la star dans les plus belles voitures ou entourée de femmes élégantes… On se battait déjà pour avoir des autographes et approcher l’idole et plus tard, lors de sa tournée au Vénézuela, des admirateurs allèrent jusqu’à grimper sur sa voiture et à déchirer la capote pour pouvoir le toucher

Mayra Santos-Febres s’est donc inspirée de très près de ces archives et elle transcende certaines d’entre elles, notamment pour la relation du concert au « Paramount » : 

 » Les musiciens ont achevé d’accorder leurs guitares sur scène. Alors Gardel a chanté … Miel épais. Densité du musc. Les ondes de sa voix m’ont enveloppée, comme un bain d’onguents, la caresse d’un baume…Et cette voix était aussi le regret qui efface tout chemin dans la mémoire. On doit retourner à cet endroit vrai, à soi. On doit en revenir, brisé, en lambeaux, mais être de retour. Tel était le sens de sa voix. »

Dans le roman, il est aussi question de la vie du Francesito, de ses épisodes les plus marquants et les plus controversés : sa naissance, ses rencontres artistiques, son exemption de service militaire, son duel puis duo avec Razzano. Car il est vrai que la presse locale portoricaine avait déjà profité des entretiens avec la vedette pour revenir sur certains de ces épisodes. Francisco Acebedo, journaliste au « Puerto Rico ilustrado » n’avait pas manqué de soulever la polémique sur sa naissance, lieu et date, et il paraît que Le Morocho répondait avec humour et désinvolture « Je suis né à Buenos Aires à deux ans et demi »…   

J’ai donc été incité à revenir à un ouvrage biographique,  » Carlos Gardel para todos » de Augusto Fernandez ( Ediciones Portenas Buenos Aires 1996- écrit en espagnol ). Et j’y ai redécouvert des rubriques qui tentent d’éclaircir divers points, du point de vue d’un argentin, évidemment : la naissance de Carlos ; Berta Gardes, sa mère ; l’enfance et les débuts du chanteur ; l’apogée de sa carrière ; les tournées à Paris et New York ; la tragédie de Medellin. L’auteur insiste sur la qualité du duo Gardel-Razzano et un peu moins sur le rôle de la baronne de Wakefield, son amante, qui finança films et cadeaux pour la vedette ! L’ouvrage se termine par une anthologie d’oeuvres fameuses du chanteur, par une discographie et par un étonnant article  » Je suis la soeur de Carlos Gardel « , interview donné par Fanny Lasserre à « La Dépèche du Midi » et qui révèlerait que Gardel était né d’une relation extra-conjugale longtemps cachée par une famille bourgeoise. Le fait en lui-même n’est pas nouveau, la déclaration est sans preuves convaincantes mais confirme l’origine toulousaine que peu d’admirateurs se risquent encore à contester.      

 

par chabannonmaurice

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